[DEFINITION] Le tilt
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[DEFINITION] Le tilt
Zen, restons zen !
DEDICACE A MRICK
Si bien jouer au poker s’avère une gageure, ne pas commettre d’erreur grossière est au moins aussi difficile. En effet, l’accumulation de la fatigue et des mauvais coups font parfois naître certaines émotions qui viennent s’immiscer dans votre jeu et dérégler une mécanique jusque-là bien huilée . Quelles sont donc ces émotions destructrices ? Quels sont leurs impacts sur votre jeu et comment les dompter ? Réponses.
Joueur régulier du Net depuis trois ans, combien de fois m’est-il arrivé de commencer une partie en me disant que j’allais m’astreindre à être sérieux et finir positif… pour finalement carboniser mes gains et, jusqu’à ma mise, jouer mes dernières mains à l’encontre du bon sens ? Trop souvent sûrement. Tout débute pourtant généralement très bien. Je commence par doubler mon tapis de départ assez rapidement, et sans même m’en apercevoir, mon jeu se dérègle tout aussi vite et mes bonnes résolutions s’envolent en fumée. Comme souvent, un bad beat tragique me fait perdre un beau pot, et me voilà embarqué dans un tas de coups avec des mains douteuses pour tenter de refaire ce qui n’était pourtant que du profit. Mais les mauvais coups s’enchaînent, la fatigue s’ajoute à l’envie d’action et, comme attendu… j’ai tout perdu ! Ce scénario vous est familier, n’est-ce pas ? Mais alors, comment en sommes nous arrivés là ? Après analyse, il semblerait bien que notre raison se soit rendue à notre passion, et en particulier à certaines émotions, destructrices quand il s’agit de poker. Ces émotions, lorsqu’elles finissent par devenir trop présentes, notamment après une mauvaise série de coups, altèrent mon raisonnement, ma perception et mes actions, jusqu’à finalement prendre le dessus sur ma logique.
Au premier rang de ces émotions néfastes au jeu, l’espoir, comme son cousin proche le déni de la réalité, est la force conductrice qui se cache derrière la plupart des jeux d’argent. Si les gens n’espéraient pas gagner, ils ne joueraient pas. Cette espérance souvent illusoire, est à l’origine d’actions déraisonnables. Nous savons, par exemple, que dans certaines situations, nous jouons contre les statistiques, mais nous espérons néanmoins toucher l’une de nos cartes miracles. Nous savons que cette table est trop relevée pour nous, mais gardons l’espoir de compenser la différence de niveau grâce à la chance. Pour jouer un poker gagnant, il faut simplement être réaliste, et ne pas se bercer d’illusions qui ne vont qu’altérer notre jugement. Si on ajoute à cela l’amour du risque, la combinaison peut être explosive. Car certaines personnes aiment tellement l’action qu’elles perdent toute notion d’argent et de valeur et prennent délibérément des risques inconsidérés. Pire, elles tentent de justifier leurs impulsions autodestructrices. Daniel Negreanu répète souvent qu’il est lui aussi « victime » de son amour pour l’action. Mais il sait le reconnaître et le contrôler. Son secret ? Participer à des tournois à faible buy-in, partir à tapis à chaque main et se recaver encore et encore, juste pour se défouler. Et ainsi ne plus ressentir le besoin de « gambler » au moment où les enjeux deviennent importants.
A l’opposé de l’amour de l’action, se trouve la peur du risque, tout aussi préjudiciable. Si elle pousse à agir de façon plus sécurisante financièrement, la peur du risque permet uniquement aux joueurs craintifs de limiter leurs pertes et de gagner occasionnellement face à de faibles adversaires. Certes, leur « solidité » leur donnera un petit avantage contre les joueurs loose, mais non seulement leur fébrilité ne leur permettra pas d’extraire le maximum de leurs mains gagnantes, mais en plus elle tendra naturellement à les tenir à l’écart de situations potentiellement profitables.
Par peur du risque, ces joueurs sont donc capables de passer des jeux rentables, tels des connecteurs assortis dans un multiway pot, ou de se coucher alors que leur espérance de gain est positive. Sans négliger que si leurs adversaires détectent leur appréhension, ils se feront bluffer plus volontiers !
Des peurs handicapantes
Autre peur, bien différente : celle du hasard. Beaucoup de joueurs refusent de croire que lorsqu’ils jouent au poker, ils sont, pour partie du moins, soumis au hasard : choix de la place, distribution aléatoire des cartes, etc. Intellectuellement, ils s’accordent pour le penser, mais au plus profond d’eux-mêmes, ils espèrent pouvoir contrôler leur destinée. Il suffit d’observer une table de poker pour se rendre compte que les gris-gris sont légions ou que certains joueurs demandent régulièrement à changer de cartes ou de croupiers. Et ce, parce que le hasard, même s’il fait partie des aléas du jeu, est trop effrayant à accepter pour eux. C’est pourtant une réalité. Ne pas l’admettre nous écarte de la seule chose dont nous sommes vraiment maîtres : nos propres décisions.
Cas moins typique qui affecte les personnes d’un naturel timide ou timoré : l’aversion à la confrontation. Or, le poker est avant tout le théâtre de confrontations perpétuelles. En effet, le but du jeu étant de gagner de l’argent, cela ne peut se faire qu’aux dépens d’un perdant.
Par ailleurs, nous n’évaluons nos performances à chaque instant que par le nombre de jetons gagnés ou perdus. Basé sur la force, l’agression et la tromperie, le poker n’est donc pas fait pour ceux qui redoutent l’affrontement. Et pourtant, ils existent. Ces joueurs-là sont trop « gentils » : ils callent même lorsqu’ils se savent battus, suivent alors qu’ils devraient relancer, ou se contentent de montrer leur jeu gagnant sans miser. Comme le poker est un jeu de « requins », ils ne peuvent que se montrer perdants sur le long terme. En fait, ce défaut est peut-être le pire que l’on puisse trouver chez un joueur de poker.
Pulsions à controler
Dans un autre registre et contrairement aux émotions précédentes, la colère peut affecter à peu près tout le monde. Et elle peut coûter très cher à ceux qui veulent prendre une revanche ou qui entrent dans des coups avec des mains improbables. Car la colère brouille notre lucidité et nous mène tout droit au chemin de l’irrationnel. Présente au répertoire des sept péchés capitaux, la colère peut s’avérer la plus handicapante des émotions car elle est difficile à contrôler. Puisque le poker est un jeu intrinsèquement frustrant et injuste, ceux qui ont parfois du mal à gérer leur irritation devraient éviter de s’y adonner trop souvent ou pourquoi pas, faire des pauses… mais au final, peu finissent par respecter ce postulat. Pourquoi ? Parce que la nécessité impérieuse d’être quitte fait aussi partie de ces émotions destructrices qui nous tiennent chevillés à notre chaise. Une des phrases les plus alarmantes que l’on puisse entendre étant d’ailleurs : « il faut absolument que je revienne à jeu, que je refasse mes pertes ». En prononçant ces mots, on sous-entend déjà que l’on va prendre de gros risques pour compenser à tout prix son retard… mais aussi prendre le risque de creuser ainsi son déficit. Or, le fait même de perdre doit être interprété comme le signal que quelque chose ne tourne pas rond. Impossible de savoir quoi si on est dans le registre de l’émotionnel plutôt que dans l’analyse et l’introspection… Alors que perdre devrait nous rendre plus prudent cela a souvent l’effet inverse. Si vous pensez qu’en jouant plus agressif, votre chance va tourner, vous avez tout faux ! En effet, à ce rythme, vous allez jouer plus de mains, probablement à des mises plus élevées, et vous finirez par dilapider tout votre stack (et bien plus !) en un clin d’œil. Et pour peu que vous ayez une once d’orgueil, ce dont aucun joueur de poker n’est dénué, gare à la catastrophe ! Car la défaite affecte notre ego, spécialement si nous pensons que le niveau de jeu est faible, et que des phrases du type : « comment ai-je fait pour perdre face à de tels fish ? » résonnent sans cesse à nos oreilles. L’orgueil nous aveugle sur nos capacités et notre niveau réel de jeu, tout en nous faisant croire que nous pouvons bien jouer, au-delà de la fatigue ou d’un manque de concentration et de clairvoyance. Bref, il altère notre sens de la réalité.
Game over
Toutes ces émotions négatives partagent des points communs dont les conséquences sont ravageuses : elles nous font négliger des indices de jeu et, à l’inverse donnent à nos adversaires de précieuses informations.
Plus nos émotions guident nos actions, plus les informations que nous recevons seront traitées subjectivement. Nous ne croyons pas à ce que les signaux suggèrent ou indiquent, mais à ce que nous espérons ou à ce que nous craignons. Qui n’a jamais fait de moves stupides pour s’exclamer ensuite : « comment ai-je pu avoir une si mauvaise lecture de la situation ? Les signes étaient pourtant évidents ! » Si nous commettons autant d’erreurs d’analyse et de lecture sur les mains de nos adversaires comme sur leur niveau de jeu, c’est tout simplement parce que nos émotions altèrent notre jugement. La colère nous incite à ignorer les signes de force et d’attaque, la peur exagère les tells de force et l’orgueil est tout aussi responsable de ce genre d’appréciations erronées. Et ce n’est pas fini ! Non seulement nous interprétons mal indices, signaux et tells, mais en plus nous aidons à notre tour nos adversaires ! Si l’un d’eux peut deviner nos cartes, comprendre notre manière de penser et anticiper nos actions, il nous dominera sans réserve. Plus vous laisserez parler vos émotions, plus vous donnerez aux autres des informations essentielles qu’ils utiliseront sans scrupule pour vous vaincre. N’avez-vous jamais vu un joueur tellement en tilt qu’il en devient extrêmement prévisible ? Il est si énervé qu’il parle avant son tour ou se saisit déjà de ses jetons pour miser. De même, un joueur qui ne cache pas son dégoût à la vue de ses cartes se fera plus facilement bluffer. Peu importe la façon dont vous divulguez des informations aux autres joueurs, tout ce qui peut les aider à avoir une lecture sur vous finira par vous coûter très cher !
Gardez toujours en tête que le poker reste un jeu de prédateurs. Comme dans la nature, c’est la loi du plus fort qui prévaut et les plus faibles constituent des proies faciles. Les joueurs prisonniers de leurs émotions à une table encouragent donc sans le savoir leurs adversaires à les attaquer en priorité. En effet, affaiblis psychologiquement, fébriles, ils sont atteints dans leur lucidité et dans leur jeu. Alors, pour gagner, transformez-vous en animal à sang froid !
Savoir Contrôler ses émotions
Pour éviter de se retrouver trop souvent dans des situations délicates, voici quelques conseils :
• Ne pas se mentir . Si vous ne parvenez pas à être honnête avec vous-même, vous n’arriverez jamais à reconnaître que vous êtes sous l’emprise de vos émotions, et donc à les contrôler.
• Noter ses résultats pour se forcer à être objectif (les chiffres ne mentent pas !). Cela vous permettra de relativiser une mauvaise série comme une bonne, d’ailleurs ; ainsi, vous ne pourrez pas nier la réalité des chiffres sur une période donnée.
• Jouer aux bonnes limites pour évoluer dans une zone de confort. Souvenez-vous que le poker reste un jeu et que vous jouez pour le plaisir. Vous n’êtes pas là pour vous ennuyer à des tables aux limites trop basses ou pour vous faire peur à des tables qui flambent au-dessus de vos moyens. Et même si vous voulez vous frotter à de meilleures tables pour progresser, n’ayez pas honte de redescendre de limites si les résultats prouvent que vous n’êtes pas encore au niveau.
• Accepter le poker et les gens comme ils sont. Beaucoup de réactions émotionnelles, comme la colère, viennent d’un refus de la réalité. Les joueurs se plaignent d’événements sur lesquels ils n’ont pas prise comme les bad beats, les mauvaises séries ou les erreurs d’un croupier. Au lieu de vous préoccuper de choses que vous ne pouvez pas changer, vous devriez au contraire les accepter et vous concentrer uniquement sur ce que vous pouvez maîtriser et améliorer, à savoir votre propre jeu.
• Savoir faire une pause, changer de jeu ou rentrer à la maison. Dès que vous sentez que vous perdez le contrôle, arrêtez tout simplement de jouer. Essayez d’avoir une analyse réaliste sur votre niveau et sur les effets de vos émotions sur votre jeu. C’est un exercice difficile car plus les émotions vous submergent, moins vous serez réaliste. Mais en parvenant à vous arrêter à temps, vous éviterez de sombrer totalement dans le tilt et perdrez beaucoup moins d’argent !
Se souvenir des belles choses
Pour maîtriser ses émotions, il existe une astuce souvent négligée : se souvenir de ses « good beats ». C’est ce qui se produit quand vous remportez un gros pot en ayant joué une main comme un fish, mais en bénéficiant ensuite des cartes miracles dont vous aviez besoin. On aime toujours parler de ses bad beats mais jamais de ses good beats, vous n’avez pas remarqué ? Car un bad beat vous donne toujours une bonne excuse d’avoir perdu, et vous préférez ménager votre ego. Tandis qu’un good beat révèle une faiblesse dans votre jeu. Vous avez gagné grâce à la chance, et non pas parce que vous avez bien joué. C’est la raison pour laquelle vous évoquez toujours plus volontiers vos fameux bad beats. Pourtant, c’est une erreur d’oublier ces petits miracles. Car si vous persistez à ne retenir que vos bad beats, vous finirez par croire que vous êtes malchanceux, ce qui entraînera forcément l’arrivée de nouvelles émotions destructrices. Et ça, c’est justement ce que vous cherchez à éviter !
DEDICACE A MRICK
Si bien jouer au poker s’avère une gageure, ne pas commettre d’erreur grossière est au moins aussi difficile. En effet, l’accumulation de la fatigue et des mauvais coups font parfois naître certaines émotions qui viennent s’immiscer dans votre jeu et dérégler une mécanique jusque-là bien huilée . Quelles sont donc ces émotions destructrices ? Quels sont leurs impacts sur votre jeu et comment les dompter ? Réponses.
Joueur régulier du Net depuis trois ans, combien de fois m’est-il arrivé de commencer une partie en me disant que j’allais m’astreindre à être sérieux et finir positif… pour finalement carboniser mes gains et, jusqu’à ma mise, jouer mes dernières mains à l’encontre du bon sens ? Trop souvent sûrement. Tout débute pourtant généralement très bien. Je commence par doubler mon tapis de départ assez rapidement, et sans même m’en apercevoir, mon jeu se dérègle tout aussi vite et mes bonnes résolutions s’envolent en fumée. Comme souvent, un bad beat tragique me fait perdre un beau pot, et me voilà embarqué dans un tas de coups avec des mains douteuses pour tenter de refaire ce qui n’était pourtant que du profit. Mais les mauvais coups s’enchaînent, la fatigue s’ajoute à l’envie d’action et, comme attendu… j’ai tout perdu ! Ce scénario vous est familier, n’est-ce pas ? Mais alors, comment en sommes nous arrivés là ? Après analyse, il semblerait bien que notre raison se soit rendue à notre passion, et en particulier à certaines émotions, destructrices quand il s’agit de poker. Ces émotions, lorsqu’elles finissent par devenir trop présentes, notamment après une mauvaise série de coups, altèrent mon raisonnement, ma perception et mes actions, jusqu’à finalement prendre le dessus sur ma logique.
Au premier rang de ces émotions néfastes au jeu, l’espoir, comme son cousin proche le déni de la réalité, est la force conductrice qui se cache derrière la plupart des jeux d’argent. Si les gens n’espéraient pas gagner, ils ne joueraient pas. Cette espérance souvent illusoire, est à l’origine d’actions déraisonnables. Nous savons, par exemple, que dans certaines situations, nous jouons contre les statistiques, mais nous espérons néanmoins toucher l’une de nos cartes miracles. Nous savons que cette table est trop relevée pour nous, mais gardons l’espoir de compenser la différence de niveau grâce à la chance. Pour jouer un poker gagnant, il faut simplement être réaliste, et ne pas se bercer d’illusions qui ne vont qu’altérer notre jugement. Si on ajoute à cela l’amour du risque, la combinaison peut être explosive. Car certaines personnes aiment tellement l’action qu’elles perdent toute notion d’argent et de valeur et prennent délibérément des risques inconsidérés. Pire, elles tentent de justifier leurs impulsions autodestructrices. Daniel Negreanu répète souvent qu’il est lui aussi « victime » de son amour pour l’action. Mais il sait le reconnaître et le contrôler. Son secret ? Participer à des tournois à faible buy-in, partir à tapis à chaque main et se recaver encore et encore, juste pour se défouler. Et ainsi ne plus ressentir le besoin de « gambler » au moment où les enjeux deviennent importants.
A l’opposé de l’amour de l’action, se trouve la peur du risque, tout aussi préjudiciable. Si elle pousse à agir de façon plus sécurisante financièrement, la peur du risque permet uniquement aux joueurs craintifs de limiter leurs pertes et de gagner occasionnellement face à de faibles adversaires. Certes, leur « solidité » leur donnera un petit avantage contre les joueurs loose, mais non seulement leur fébrilité ne leur permettra pas d’extraire le maximum de leurs mains gagnantes, mais en plus elle tendra naturellement à les tenir à l’écart de situations potentiellement profitables.
Par peur du risque, ces joueurs sont donc capables de passer des jeux rentables, tels des connecteurs assortis dans un multiway pot, ou de se coucher alors que leur espérance de gain est positive. Sans négliger que si leurs adversaires détectent leur appréhension, ils se feront bluffer plus volontiers !
Des peurs handicapantes
Autre peur, bien différente : celle du hasard. Beaucoup de joueurs refusent de croire que lorsqu’ils jouent au poker, ils sont, pour partie du moins, soumis au hasard : choix de la place, distribution aléatoire des cartes, etc. Intellectuellement, ils s’accordent pour le penser, mais au plus profond d’eux-mêmes, ils espèrent pouvoir contrôler leur destinée. Il suffit d’observer une table de poker pour se rendre compte que les gris-gris sont légions ou que certains joueurs demandent régulièrement à changer de cartes ou de croupiers. Et ce, parce que le hasard, même s’il fait partie des aléas du jeu, est trop effrayant à accepter pour eux. C’est pourtant une réalité. Ne pas l’admettre nous écarte de la seule chose dont nous sommes vraiment maîtres : nos propres décisions.
Cas moins typique qui affecte les personnes d’un naturel timide ou timoré : l’aversion à la confrontation. Or, le poker est avant tout le théâtre de confrontations perpétuelles. En effet, le but du jeu étant de gagner de l’argent, cela ne peut se faire qu’aux dépens d’un perdant.
Par ailleurs, nous n’évaluons nos performances à chaque instant que par le nombre de jetons gagnés ou perdus. Basé sur la force, l’agression et la tromperie, le poker n’est donc pas fait pour ceux qui redoutent l’affrontement. Et pourtant, ils existent. Ces joueurs-là sont trop « gentils » : ils callent même lorsqu’ils se savent battus, suivent alors qu’ils devraient relancer, ou se contentent de montrer leur jeu gagnant sans miser. Comme le poker est un jeu de « requins », ils ne peuvent que se montrer perdants sur le long terme. En fait, ce défaut est peut-être le pire que l’on puisse trouver chez un joueur de poker.
Pulsions à controler
Dans un autre registre et contrairement aux émotions précédentes, la colère peut affecter à peu près tout le monde. Et elle peut coûter très cher à ceux qui veulent prendre une revanche ou qui entrent dans des coups avec des mains improbables. Car la colère brouille notre lucidité et nous mène tout droit au chemin de l’irrationnel. Présente au répertoire des sept péchés capitaux, la colère peut s’avérer la plus handicapante des émotions car elle est difficile à contrôler. Puisque le poker est un jeu intrinsèquement frustrant et injuste, ceux qui ont parfois du mal à gérer leur irritation devraient éviter de s’y adonner trop souvent ou pourquoi pas, faire des pauses… mais au final, peu finissent par respecter ce postulat. Pourquoi ? Parce que la nécessité impérieuse d’être quitte fait aussi partie de ces émotions destructrices qui nous tiennent chevillés à notre chaise. Une des phrases les plus alarmantes que l’on puisse entendre étant d’ailleurs : « il faut absolument que je revienne à jeu, que je refasse mes pertes ». En prononçant ces mots, on sous-entend déjà que l’on va prendre de gros risques pour compenser à tout prix son retard… mais aussi prendre le risque de creuser ainsi son déficit. Or, le fait même de perdre doit être interprété comme le signal que quelque chose ne tourne pas rond. Impossible de savoir quoi si on est dans le registre de l’émotionnel plutôt que dans l’analyse et l’introspection… Alors que perdre devrait nous rendre plus prudent cela a souvent l’effet inverse. Si vous pensez qu’en jouant plus agressif, votre chance va tourner, vous avez tout faux ! En effet, à ce rythme, vous allez jouer plus de mains, probablement à des mises plus élevées, et vous finirez par dilapider tout votre stack (et bien plus !) en un clin d’œil. Et pour peu que vous ayez une once d’orgueil, ce dont aucun joueur de poker n’est dénué, gare à la catastrophe ! Car la défaite affecte notre ego, spécialement si nous pensons que le niveau de jeu est faible, et que des phrases du type : « comment ai-je fait pour perdre face à de tels fish ? » résonnent sans cesse à nos oreilles. L’orgueil nous aveugle sur nos capacités et notre niveau réel de jeu, tout en nous faisant croire que nous pouvons bien jouer, au-delà de la fatigue ou d’un manque de concentration et de clairvoyance. Bref, il altère notre sens de la réalité.
Game over
Toutes ces émotions négatives partagent des points communs dont les conséquences sont ravageuses : elles nous font négliger des indices de jeu et, à l’inverse donnent à nos adversaires de précieuses informations.
Plus nos émotions guident nos actions, plus les informations que nous recevons seront traitées subjectivement. Nous ne croyons pas à ce que les signaux suggèrent ou indiquent, mais à ce que nous espérons ou à ce que nous craignons. Qui n’a jamais fait de moves stupides pour s’exclamer ensuite : « comment ai-je pu avoir une si mauvaise lecture de la situation ? Les signes étaient pourtant évidents ! » Si nous commettons autant d’erreurs d’analyse et de lecture sur les mains de nos adversaires comme sur leur niveau de jeu, c’est tout simplement parce que nos émotions altèrent notre jugement. La colère nous incite à ignorer les signes de force et d’attaque, la peur exagère les tells de force et l’orgueil est tout aussi responsable de ce genre d’appréciations erronées. Et ce n’est pas fini ! Non seulement nous interprétons mal indices, signaux et tells, mais en plus nous aidons à notre tour nos adversaires ! Si l’un d’eux peut deviner nos cartes, comprendre notre manière de penser et anticiper nos actions, il nous dominera sans réserve. Plus vous laisserez parler vos émotions, plus vous donnerez aux autres des informations essentielles qu’ils utiliseront sans scrupule pour vous vaincre. N’avez-vous jamais vu un joueur tellement en tilt qu’il en devient extrêmement prévisible ? Il est si énervé qu’il parle avant son tour ou se saisit déjà de ses jetons pour miser. De même, un joueur qui ne cache pas son dégoût à la vue de ses cartes se fera plus facilement bluffer. Peu importe la façon dont vous divulguez des informations aux autres joueurs, tout ce qui peut les aider à avoir une lecture sur vous finira par vous coûter très cher !
Gardez toujours en tête que le poker reste un jeu de prédateurs. Comme dans la nature, c’est la loi du plus fort qui prévaut et les plus faibles constituent des proies faciles. Les joueurs prisonniers de leurs émotions à une table encouragent donc sans le savoir leurs adversaires à les attaquer en priorité. En effet, affaiblis psychologiquement, fébriles, ils sont atteints dans leur lucidité et dans leur jeu. Alors, pour gagner, transformez-vous en animal à sang froid !
Savoir Contrôler ses émotions
Pour éviter de se retrouver trop souvent dans des situations délicates, voici quelques conseils :
• Ne pas se mentir . Si vous ne parvenez pas à être honnête avec vous-même, vous n’arriverez jamais à reconnaître que vous êtes sous l’emprise de vos émotions, et donc à les contrôler.
• Noter ses résultats pour se forcer à être objectif (les chiffres ne mentent pas !). Cela vous permettra de relativiser une mauvaise série comme une bonne, d’ailleurs ; ainsi, vous ne pourrez pas nier la réalité des chiffres sur une période donnée.
• Jouer aux bonnes limites pour évoluer dans une zone de confort. Souvenez-vous que le poker reste un jeu et que vous jouez pour le plaisir. Vous n’êtes pas là pour vous ennuyer à des tables aux limites trop basses ou pour vous faire peur à des tables qui flambent au-dessus de vos moyens. Et même si vous voulez vous frotter à de meilleures tables pour progresser, n’ayez pas honte de redescendre de limites si les résultats prouvent que vous n’êtes pas encore au niveau.
• Accepter le poker et les gens comme ils sont. Beaucoup de réactions émotionnelles, comme la colère, viennent d’un refus de la réalité. Les joueurs se plaignent d’événements sur lesquels ils n’ont pas prise comme les bad beats, les mauvaises séries ou les erreurs d’un croupier. Au lieu de vous préoccuper de choses que vous ne pouvez pas changer, vous devriez au contraire les accepter et vous concentrer uniquement sur ce que vous pouvez maîtriser et améliorer, à savoir votre propre jeu.
• Savoir faire une pause, changer de jeu ou rentrer à la maison. Dès que vous sentez que vous perdez le contrôle, arrêtez tout simplement de jouer. Essayez d’avoir une analyse réaliste sur votre niveau et sur les effets de vos émotions sur votre jeu. C’est un exercice difficile car plus les émotions vous submergent, moins vous serez réaliste. Mais en parvenant à vous arrêter à temps, vous éviterez de sombrer totalement dans le tilt et perdrez beaucoup moins d’argent !
Se souvenir des belles choses
Pour maîtriser ses émotions, il existe une astuce souvent négligée : se souvenir de ses « good beats ». C’est ce qui se produit quand vous remportez un gros pot en ayant joué une main comme un fish, mais en bénéficiant ensuite des cartes miracles dont vous aviez besoin. On aime toujours parler de ses bad beats mais jamais de ses good beats, vous n’avez pas remarqué ? Car un bad beat vous donne toujours une bonne excuse d’avoir perdu, et vous préférez ménager votre ego. Tandis qu’un good beat révèle une faiblesse dans votre jeu. Vous avez gagné grâce à la chance, et non pas parce que vous avez bien joué. C’est la raison pour laquelle vous évoquez toujours plus volontiers vos fameux bad beats. Pourtant, c’est une erreur d’oublier ces petits miracles. Car si vous persistez à ne retenir que vos bad beats, vous finirez par croire que vous êtes malchanceux, ce qui entraînera forcément l’arrivée de nouvelles émotions destructrices. Et ça, c’est justement ce que vous cherchez à éviter !
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