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[STRATEGIE] Le continuation bet

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Message par Contresort Lun 12 Avr - 15:04

Que faire quand on a pris l’initiative de la relance pré-flop avec une main forte mais que l’on rate son flop ? Une technique très populaire consiste à miser en bluff en espérant remporter le coup arrêté : c’est le continuation bet. Coup très efficace et particulièrement utile, il perd de sa substance s’il est réalisé dans de mauvaises conditions ou de façon trop prévisible. Et méfiance, vos adversaires le manient sans doute aussi !


Vous avez le bouton, et vous relancez pré-flop après avoir découvert un AR assortis, très bonne main d’autant plus que vous aurez la position tout le long du coup. Le joueur en position de small blind se couche et le joueur à la big blind suit. Le flop n’est malheureusement pas au rendez-vous : 2k5t9p. Votre adversaire checke. Que faites-vous ? C’est probablement le moment idéal pour essayer de voler le pot en misant pour continuer à représenter une bonne main après votre relance pré-flop.

Car il faut savoir que lorsque vous relancez avant le flop avec une main qui n’est pas une paire, 2 fois sur 3, vous ne toucherez aucun jeu sur le flop. Il est donc primordial de savoir gérer cette situation le plus efficacement possible. Le continuation bet est l’arme fatale que vous devez posséder dans votre arsenal. Cette technique, classique mais incontournable, consiste à garder l’initiative prise pré-flop en continuant à miser sur le flop alors même qu’on l’a manqué. Pour pouvoir être appliqué, deux conditions sont toutefois nécessaires : personne n’a misé avant vous après le flop et vous avez la position du dernier relanceur.

En misant ainsi, vous mimez une grosse paire cachée, ou du moins vous obligez votre adversaire à penser que vous avez au moins floppé la top pair.

Quand vient votre tour de parler, vous faites alors une mise comprise entre 40% et 70% du pot en espérant gagner le pot tout de suite. Prenons l’exemple d’une mise de la moitié du pot pour observer la clef de la réussite de ce coup. Si le pot est de 100, et que vous faites un continuation bet de 50, le coup devient rentable pour cette situation donnée s’il marche au moins une fois sur trois. En effet, vous perdrez 50 les 2 fois où il ne marchera pas, et gagnerez 100 la fois où il marchera, pour un le résultat total finalement équilibré. Et vous pourrez gagner de l’argent quand vous toucherez effectivement une bonne main sur le flop (voir encadré). Il suffit donc que le continuation bet porte ses fruits 1 fois sur 3 pour équilibrer ses pertes ; au-delà, le coup devient même carrément rentable.

On pourrait être tenté de faire des continuation bets encore plus petits pour diminuer le taux de réussite nécessaire à rendre le coup rentable. Cependant, ces « micro » bets ont le désavantage de donner des cotes trop favorables aux mains à tirage, et ne mettent pas une pression suffisante sur vos adversaires qui auraient un petit jeu. Le but du continuation bet est de gagner le coup tout de suite et cet objectif ne sera atteint qu’avec une mise substantielle.

Voilà pour la théorie, mais la pratique est légèrement plus complexe. Car pour réaliser un continuation bet gagnant, il faut considérer un certain nombre de facteurs liés à la situation et réunir les conditions les plus favorables à la réalisation de ce coup.


Texture du flop et adversaires
La texture du flop est une donnée fondamentale que vous devez apprécier en permanence, et elle doit être l’élément central de votre analyse dans le cas particulier du continuation bet. On dit que le flop a une bonne texture quand il y a peu de chance qu’il ait donné une bonne main à votre adversaire, et qu’il a une mauvaise texture dans le cas contraire. Sachant que les mains jouées de préférence par la majorité des joueurs sont les grosses cartes, les cartes assorties et les cartes connectées, il faut donc se méfier particulièrement des flops qui peuvent s’accorder avec de telles mains.

Des flops de type Q-8-3 rainbow* se prêtent très bien à des continuation bets quelle que soit la main avec laquelle vous avez relancé pré-flop. Vous pouvez craindre que votre adversaire ait une dame, mais il est plus probable qu’il n’en ait pas, auquel cas il aura beaucoup de mal à suivre votre mise sur le flop. Des mains comme 77 - J10 - AJ se coucheront la plupart du temps. En revanche, des flops comme A-K-Q ou J-10-9 sont extrêmement risqués et méritent plus de prudence.

Il faut également apporter une extrême attention aux caractères et aux profils de vos concurrents. Le continuation bet doit faire partie de votre jeu mais ne doit pas être appliqué systématiquement sans considération du style de jeu des adversaires. Car ce move est une sorte de bluff ou de semi-bluff, qui se trouve être complètement improductif face à des calling stations (terme anglosaxon consacré pour des joueurs passifs qui misent rarement mais suivent toutes les enchères dès qu’ils ont un petit jeu ou un tirage, sans se soucier de la cote financière ou du jeu adverse). Si vous savez que votre adversaire ne se couchera pas, attendez d’avoir une bonne main pour miser.

Vous devez aussi tenir compte du niveau de jeu de vos adversaires. En effet, le continuation bet est un coup qui fonctionne moins bien face à des joueurs expérimentés car ils le connaissent et savent y répondre quand ils le subissent. Plus vos adversaires sont forts, plus vous devrez ruser pour rendre indétectables vos techniques et stratégies…


Ne pas être trop prévisible

La première façon de camoufler vos continuation bets est simple : elle consiste à ne pas miser le même montant à chaque fois. Si vous misez toujours exactement les deux tiers du pot pour vos continuation bets, il y a fort à parier que vos adversaires vont s’en rendre compte et utiliser cette information soit pour vous bluffer, soit pour slowplayer leurs bonnes mains sachant que vous allez miser. Si vous faites cette erreur et qu’ils ne s’en aperçoivent pas, surtout ne changez pas de table, ce sera une bonne partie !

Ensuite, un peu de discipline : il faut aussi miser des montants semblables quand vous touchez votre main, quitte à donner parfois des cotes plus avantageuses à vos adversaires. Car si vous misez le pot quand vous touchez une main et la moitié du pot quand vous manquez le flop, autant jouer avec vos cartes découvertes…

Enfin, il ne faut pas le faire systématiquement quand le flop ne vous est pas favorable. On a vu que la texture du flop joue un rôle très important dans le processus de décision, et faire trop de continuation bets sur des flops à mauvaise texture sera fatalement préjudiciable à votre portefeuille.

Le meilleur indicateur à suivre est la résistance que vous rencontrez face à vos continuation bets. S’ils ne produisent pas le rendement attendu, vous devez déterminer si vos adversaires touchent tout simplement leur jeu – ce qui parfois arrive pendant une longue période… –, ou si vous laisser transpirer des informations qui leur permettent de savoir que vous êtes en train de bluffer.


Gare aux abus

Le continuation bet fonctionne souvent très bien, si bien que l’on pourrait être tenté d’en abuser et de l’appliquer sans considérer toutes les options à disposition. Par exemple, supposons que vous avez relancé pré-flop avec AJ sur le bouton et un joueur suit. Le flop vient K-10-3 et votre adversaire checke. C’est un bon joueur, capable de tendre des pièges mais aussi de bluffer. Il faut peut-être envisager à ce moment-là de prendre une carte gratuite et tenter votre tirage ventral pour la quinte. Il ne faut pas exclure le continuation bet, mais prendre en compte le risque de se faire relancer et perdre ainsi une opportunité de taper votre main. Dans tous les cas, votre décision devra être basée sur des situations identiques passées, la qualité de votre adversaire, ainsi que l’ambiance de la table à ce moment précis de la partie.

Il faut également inclure dans l’équation l’image que vous projetez. Plus vous êtes actif sur la table, plus vos continuation bets seront contestés. Si vous venez de gagner plusieurs mains sans montrer votre jeu, vos adversaires vont devenir particulièrement suspicieux, même si vos mains étaient excellentes (mais cela, vous êtes seul(e) à le savoir !).

Finalement, l’essentiel est de rester imprévisible pour empêcher vos adversaires de lire votre jeu. Et le meilleur moyen de le leur dissimuler est de jongler avec différentes stratégies et tactiques au cours de la partie.


Les défenses face à un joueur qui le pratique

A l’inverse, il faut savoir quand et comment avoir se défendre face à un continuation bet. Il a très bien été expliqué et rendu populaire par Dan Harrington (voir encadré) et c’est le coup de « professionnel » le plus répandu.

La première chose à faire est d’identifier les joueurs adeptes du continuation bet. Pour cela, soyez particulièrement attentif aux joueurs qui relancent très souvent pré-flop. En effet, si un joueur ne relance que très rarement avant le flop, c’est qu’il est très sélectif et ne joue que des mains de premier ordre – certains joueurs ne relancent qu’avec AA, RR, DD, et AR. Ils miseront alors très souvent sur le flop car ils n’auront a priori pas besoin d’améliorer leur main, ce qui ne qualifie donc pas pour un continuation bet.

En revanche, un joueur agressif, qui relance régulièrement avant le flop et mise en continuation sur le flop plus de la moitié du temps pratique très vraisemblablement le continuation bet. Evidemment, plus fréquemment il mise après le flop, plus grande est la probabilité qu’il n’ait rien touché quand il mise. Deux cas se présentent alors:

- Si vous n’avez pas la position, vous allez parler avant le relanceur. Vous pouvez miser avant lui et l’empêcher ainsi de faire son continuation bet. S’il a manqué le flop, sa seule option sera alors le bluff pur après une mise, ce qui le mettra dans une position très inconfortable.Mais si vous pensez avoir une bonne lecture du jeu adverse, la meilleure solution sera le check raise en bluff ou semi-bluff. Les semi bluffs sont très efficaces face à un joueur qui pratique beaucoup le continuation bet et vous augmenterez grandement vos chances de remporter des coups avec vos mains à tirage en les jouant très agressivement en réponse à ce type de mises.

- Mais si vous parlez après le relanceur, vous pouvez soit le raiser juste après le flop, soit suivre sa mise sur le flop que vous pensez être un continuation bet. A moins d’être un joueur très élaboré, il checkera au turn et vous pourrez voler le pot à ce moment-là.

Pour conclure, rappelons que par essence, le continuation bet est un bluff. Pour fonctionner, il faut que vos adversaires perçoivent les signaux que vous leur lancez intentionellement. Vous représentez de la force avant et après le flop pour les faire passer. Si vous faites face à des joueurs qui ne prêtent pas aucune attention à ces informations et qui ont tendance à suivre très souvent, n’essayez pas de les manipuler et de les dominer par des techniques qu’ils ne percevront pas. En revanche, des joueurs plus attentifs et plus serrés seront vos cibles préférées. Attention tout de même aux joueurs très expérimentés qui décèleront vos manigances et risquent de vous revenir dessus en retournant contre vous vos propres armes.
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